Des mots pour des maux : covid-19 et confinement

Cela fait plusieurs jours maintenant, voir semaines que les français vivent avec ces deux mots : Covid-19 alias Coronavirus et le confinement. L’un ne va pas s’en l’autre et quelque part l’un espère se dissocier de l’autre en étant justement ce mot.

J’ai toujours trouvé le devoir de mémoire important et encore plus aujourd’hui vu que nous vivons quelque chose d’exceptionnelle. Le mot exceptionnel ne me plait guère car j’ai toujours lié ce mot à la beauté, la joie, la surprise mais ce que nous vivons est unique. Donc ce devoir de mémoire se fera mais pas aujourd’hui, enfin pas comme cela. Non ma Pitchounette, tu auras un récit de ce qui s’est passé plus complet mais là ce soir plus qu’un autre, c’est long.  Alors aujourd’hui, l’envie d’écrire des mots pour des maux Covid-19 et confinement est encore plus présente.

Des mots pour des maux covid-19 et confinement Famille Tout à DireOui, aujourd’hui a été un jour sans pour moi qui d’habitude ne montre pas ce que je pense de cette situation. Aujourd’hui, j’en suis désolée ma Pitchounette mais j’ai été moins patiente. Avec ton père, nous essayons de te préserver de cette situation et pourtant quelques fois, tu la ressens, tu la vois et surtout quoique l’on fasse, tu la vis. Donc comme la journée moralement est plus dure, j’ai du mal à supporter certaines choses. Pourtant, jusqu’à présent, je m’étais protégée de ce que je pouvais lire sur les réseaux sociaux, des messages des copains, des amies, qui eux sont au front et n’en peuvent plus. Encore, ils ne disent pratiquement rien car ils n’ont pas le temps avec tout ce qu’ils vivent. Non mais leur anxiété, leur stress (tout à fait normal), leur colère, je les ressens sous leurs différents mots. Non, là, aujourd’hui, j’ai eu du mal. J’ai du mal à ce que les gens te rappellent que tu ne vas pas à l’école, que les gens demandent si tu fais bien tes devoirs, te parlent de ce virus. Les gens ne pensent pas à mal mais en faisant cela, ils effritent le mur de protection que nous avons établis avec ton père, autour de toi. Ils attisent mon stress présent mais que j’essaie de camoufler. Il a l’air de bien envahir mon corps à mon détriment entre le psoriasis que je sens qui grignote littéralement ma chevelure et les crises inflammatoires que je ne perçois pas sauf si tu me touches. Moi, qui suis toujours en décalée pour faire sourire les copines, pour ne pas penser à ce qu’il se passe. Moi qui ai l’habitude (peut-être pas la bonne) d’être si forte, d’assurer, de faire blocage pour ne pas penser pendant les coups durs et d’évacuer ou pas. Oui, quelques blessures des autres chocs vécus sont encore vives pour certaines.  Un jour, je te parlerais d’elles mais pas pour le moment et surtout avant il faudra qu’elles soient bien refermées. Mais personne ne pourra te dire que ta maman n’est pas forte ma chérie. Mon caractère bien trempé m’a quelques fois desservi mais aussi bien servi. Sauf, qu’aujourd’hui, je sentais les larmes de nerfs montaient, je sentais bien qu’elles voulaient sortir mais quelque chose les retenait. D’ailleurs, c’est dans un fou rire avec ton père et toi, qu’à la fin, je suis partie car mes larmes n’étaient plus celles de rigolades que nous venions d’avoir mais bien celles des nerfs de cette situation que nous percevons, vivons chez nous et que nous vivons à travers notre famille, amis, copains, connaissances.

Alors j’espère que tu comprendras que ce soir, je craque un peu sur ce confinement qui a été prolongé. Je n’en peux plus de trouver des activités pour te satisfaire. Oui, j’essaie de ne pas te le montrer mais moi, je n’ai pas envie de cela avec toi. J’ai donné. Cela va peut-être te choquer mais c’est hélas la vérité. Déjà avant tes trois ans, tu voulais aller à l’école et vu que tu n’as pu y aller à tes trois ans, pendant neuf mois, c’est moi qui te l’ai faite l’école. Moi, qui ne voulais absolument pas cela. Car je n’avais pas la patience, car je rêvais du moment où tu irais et ou je pourrais retrouver un travail. Mais non ! J’ai toujours été à l’écoute de tes nombreuses demandes à ce moment-là malgré ma non-patience, mon manque de pédagogie et de formation. Je t’ai appris tes premières bases que tu as su perfectionner après à l’école lorsque tu y es enfin allée. Même après, tu en demandais toujours plus, tu sortais de l’école à 16h20 à 16h30 tu pleurais pour y retourner et les week-ends, tu nous la réclamais à tout va.

Donc voilà, deux ans après, avec le confinement, on recommence ce rituel. Bon en plus, nous avons les devoirs de la maitresse. Aujourd’hui, j’ai du mal mais elle, aussi doit être dépassée de cette situation. Elle aussi a une famille à s’occuper. Elle aussi doit être préoccupée de tout cela. Elle doit gérer sa famille, son travail avec ses élèves, savoir s’ils vont bien, si le confinement n’est pas trop difficile, s’ils arrivent avec les devoirs. Je vois un nombre grandissant de témoignages disant qu’il y en a trop. Comment font les élèves dont les parents travaillent, dont les parents ne peuvent pas les aider car ils ne sont pas allés à l’école assez longtemps, etc… Ici, nous devons te recopier les devoirs à la main car nous n’avons pas d’imprimante et cela commence à tirer sur les bras de te décalquer certains exercices à partir de l’écran de l’ordinateur.

Il faut l’avouer cela joue aussi sur le moral. Car comme tu es en demande, il faut préparer les devoirs mais trouver aussi d’autres activités en plus de tes jeux préférés (puzzles, écouter de la musique, te lire tes histoires, tes coloriages, etc…). Papa m’aide beaucoup heureusement. Nous te proposons aussi des activités extérieures car nous avons la chance d’avoir un petit jardin. Oui, nous faisons du jardinage, nous nous courons après, nous dansons. Il y a aussi les préparations des fêtes à venir comme le poisson d’avril ou encore Pâques. Cela semble si loin et si près en même temps. D’ailleurs, quelques fois, je triche. Je te propose des coloriages mais qui ont un rapport avec des connaissances à apprendre tout en ayant des motifs festifs et ta demande de toujours apprendre plus.

Mais aujourd’hui, désolée ma chérie, j’ai été moins patiente sur le fait que tu veuilles faire une chose et puis en fait non, moins réceptive à tes états d’âmes vu que les miennes étaient ébranlées. Demain, cela ira mieux. Puis tu sais mon amour, nous sommes quand même bien lotis. Nous sommes logés avec un petit extérieur et non seul ou à plusieurs dans un appartement. Nous sommes ensemble tous les quatre avec Papa et Miss Mimine. Nous avons ce qu’il faut pour manger même si cela commence à manquer certaines choses comme des légumes. Cela ne me stresse un peu mais pas plus car je sais que je trouverais des producteurs. Il suffit juste d’avoir un peu de temps pour les chercher, chose pas facile avec toi. Je te rappelle qu’étant des nouveaux habitants, il nous faut le temps de connaitre les entreprises alentours. Nous avons également la santé. Non, nous ne sommes pas à plaindre. Certains dont de la famille, des amis, copains, connaissances sont tout seul en appartement, maison, d’autres travaillent dans des conditions exécrables et surtout inadmissibles sans oublier ceux qui n’ont plus de revenus car ils ne peuvent pas travailler. Certains toucheront des aides (peut-être) mais combien se trouveront endettés ou auront tout perdu. D’autres se trouvent démunies devant tout cela, devant le départ d’un de leur proche auquel, ils ne pourront pas dire au revoir. J’ai eu des pensées pour ceux parties trop tôt que nous avions connus. Je me dis que dans un sens, valaient peut-être mieux d’être partis avant. Alors oui, aujourd’hui, ma Pitchounette, c’était un jour sans mais demain, cela ira mieux, je te le promets.

D’ailleurs, écrire mes maux avec des mots, m’a permis de souffler un peu, d’avoir un peu d’air pur dans ce cerveau si embrumé. J’avoue qu’il y a toujours une partie pour toi, Pitchounette, pour savoir comment t’occuper qu’est-ce qu’il te fera plaisir de faire pour que tu puisses trouver le temps moins long. Que tu puisses ne pas imprégner que le maux et mot coronavirus t’a mis en confinement pendant des semaines.  Plus tard, tu auras des mots que j’aurais tapé pour que tu puisses les garder en témoignage mais ce soir, c’était juste pour mieux continuer à te protéger en te faisant rire que j’ai voulu coucher mes maux avec des mots.

Pour ceux qui ont besoin de relâcher la pression, l’Etat a mis en place une cellule d’aide psychologique dont le numéro vert est le 0.800.130.000. Il n’y a aucune gêne, honte à les appeler. Vaut mieux le faire  avant que la soupape explose.


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